« (...) [ces] personnages de la scène médiatico-politique qui (...) miment la figure et le rôle de l'intellectuel (...) ils ne peuvent donner le change qu'au prix d'une présence constante dans le champ journalistique (...) et y importent des pratiques qui, en d’autres univers, auraient pour nom corruption, concussion, malversation, trafic d’influence, concurrence déloyale, collusion, entente illicite ou abus de confiance et dont le plus typique est ce qu’on appelle en français le "renvoi d’ascenseur" ». Pierre Bourdieu, « Et pourtant », Liber n°25, décembre 1995.

vendredi 6 janvier 2012

Eric Aeschimann, observateur contrasté.

Dans Le Nouvel Observateur du 5 janvier 2012 Eric Aeschimann consacre un article à Pierre Bourdieu.
Cet article débute ainsi :
"Lorsqu'il meurt le 23 janvier 2002, Pierre Bourdieu est l'intellectuel le plus célèbre de France. Les hommages et commentaires portent la trace de ses démêlés avec une partie de la classe intellectuelle et médiatique (y compris dans les colonnes du "Nouvel Observateur", où les points de vue les plus contrastés s'exprimèrent). (...)"

Eric Aeschimann semble avoir besoin qu'on lui rafraîchisse la mémoire en lui exposant des extraits d'articles fort peu contrastés dans l'expression de la haine vouée à Pierre Bourdieu publiés dans Le Nouvel Observateur du 31 janvier 2002.

_ Françoise Giroud : "Pierre Bourdieu méprisait les journalistes, les insultait, a lancé contre eux ses chiens. (...) Paranoïa: s'il avait eu la moitié du talent de communicateur de José Bové, il n'aurait pas eu a souffrir si cruellement d'être en manque de publicité. (...) On sait que Pierre Bourdieu a été assistant auprès de Raymond Aron. Celui-ci a laissé dans son "Journal" ses impressions: "(...) ce qu'il [Pierre Bourdieu] est devenu, un chef de secte, sûr de soi et dominateur, expert aux intrigues universitaires, impitoyable à ceux qui pourraient lui faire ombrage.(...)" "

_ Jean Daniel : "(...) je ne pouvais qu'être impatienté par l'arrogance avec laquelle il [Pierre Bourdieu] jugeait Mendès France et le mépris qu'il professait pour Camus. (...) j'ai été affligé par la pauvreté de son petit pamphlet contre la télévision (...) il est passé à côté de toutes les transformations que les médias ont subies depuis que l'information est devenue une marchandise comme les autres (...) les démarches fondamentales du sociologue de la distinction semblent à la fois faibles et pathétiques. (...)"

_ Jacques Julliard : "L'unanimité de l'hommage posthume traduit l'échec éclatant de Pierre Bourdieu. (...) la critique flamboyante de l'Etat bourgeois et de ses appareils se termine lors des grèves de 1995 en défense corporatiste des monopoles étatiques et des régimes spéciaux des cheminots... Quelle chute! (...) Plus il s'impose dans les médias (il a compris qu'il fallait les insulter), plus son discours populiste devient simpliste, naïf, moralisateur comme celui d'un catho déluré. (...) son méchant pamphlet sur la télévision (...) la jalousie sociale est un vilain défaut.(...)"

_ Laurent Joffrin : " (...) universitaire péremptoire (...) chef de clan calculateur (...) un Petit Chose teigneux (...) Avec l'énergie des fondateurs d'Eglises, il se taille un diocèse universitaire, ordonne les prêtres, fixe le rituel, organise le culte et excommunie les hérétiques. (...) les interventions militantes sont simplistes et oublieuses des faits. (...) Dans la rue, il cogne. (...) Le Petit Chose est grand manitou. (...)"

Françoise Giroud

Jean Daniel
Jacques Julliard

Laurent Joffrin


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