« (...) [ces] personnages de la scène médiatico-politique qui (...) miment la figure et le rôle de l'intellectuel (...) ils ne peuvent donner le change qu'au prix d'une présence constante dans le champ journalistique (...) et y importent des pratiques qui, en d’autres univers, auraient pour nom corruption, concussion, malversation, trafic d’influence, concurrence déloyale, collusion, entente illicite ou abus de confiance et dont le plus typique est ce qu’on appelle en français le "renvoi d’ascenseur" ». Pierre Bourdieu, « Et pourtant », Liber n°25, décembre 1995.

lundi 9 septembre 2013

Le Monde Diplomatique joue t-il sur tous les tableaux du mermetisme ?

Le mercredi 26 juin 2013 le site d' Article 11 met en ligne un article d'Olivier Cyran titré
" Daniel Mermet ou les délices de « l’autogestion joyeuse » " .
L'introduction de cet article est sans ambiguité :
" Ce n’est jamais un plaisir de « tirer » sur son propre camp. Mais quand l’une des personnalités les plus influentes de l’audiovisuel « de gauche » adopte au quotidien des techniques de management dignes du patronat néolibéral le plus décomplexé, difficile de détourner les yeux. Enquête sur [Daniel Mermet] l’animateur un brin schizophrénique de « Là-bas si j’y suis », l’émission culte de France Inter. "

Dans cet article Julien Brygo témoigne des méthodes humanistes de Daniel Mermet :
"  « L’une des questions qui revient le plus souvent, quand on expose la réalité sociale de cette émission, c’est : “Si Mermet méprise ses travailleurs, les divise et les interchange sans aucun scrupule, comment faites-vous pour supporter l’énorme contradiction avec ce qu’il dit tous les jours au micro ?”, observe Julien Brygo. Ce qui fait tenir ce système, c’est l’idée selon laquelle cette émission est la seule, la meilleure, la plus critique, la plus subversive, la plus exigeante… C’est en vertu de cette rémunération symbolique que les gens tiennent le coup et subissent en silence les accès de colère du patron, ses insultes, ses chantages à la valise ou ses crises existentielles. Quand le calme revient dans le bureau, après s’être défoulé sur ses “petits”, “Daniel” reprend inlassablement le fil de sa grande narration, de tel ou tel reportage mémorable à Sarajevo ou à Kaboul. Il passe sa vie à se raconter, à sublimer son propre récit, pour, toujours, alimenter sa légende, celle du grand résistant, même en face de gens qui connaissent par cœur la moindre de ses anecdotes. N’importe quelle personne qui a une fois posé les pieds dans son bureau se rend compte que seul le maître a droit à la parole et qu’il y règne un silence de mort. Au long des années, il a fragmenté ses équipes en créant des rivalités factices dont il joue constamment (“tu es meilleur qu’elle, c’est toi qui a fait le reportage le plus modeste et génial”) pour consolider son trône et régner en divisant. Il en résulte un esprit de compétition et de soumission qui ne rend pas l’émission meilleure, au contraire. On dit qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs... Chez Mermet, on voit bien les œufs cassés. Mais où est l’omelette ? » " .

Dans le numéro de septembre 2013 du Monde Diplomatique on peut lire des articles signés par Olivier Cyran et Julien Brygo.

Le jeudi 5 septembre 2013 Daniel Mermet consacre " son " émission de  " Là-bas si j'y suis " au numéro de septembre 2013 du Monde Diplomatique et discute d'articles parus dans ce numéro en compagnie de membres du Monde Diplomatique.

Peut-être que les membres du Monde Diplomatique qui sont allés parler dans le micro de Daniel Mermet n'avaient pas lu l'article d'Olivier Cyran consacré à Daniel Mermet ... ou  bien ont-ils voulu (involontairement ? ) illustrer l'extrait du témoignage de Julien Brygo que nous avons reproduit ci-dessus ...

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