« (...) [ces] personnages de la scène médiatico-politique qui (...) miment la figure et le rôle de l'intellectuel (...) ils ne peuvent donner le change qu'au prix d'une présence constante dans le champ journalistique (...) et y importent des pratiques qui, en d’autres univers, auraient pour nom corruption, concussion, malversation, trafic d’influence, concurrence déloyale, collusion, entente illicite ou abus de confiance et dont le plus typique est ce qu’on appelle en français le "renvoi d’ascenseur" ». Pierre Bourdieu, « Et pourtant », Liber n°25, décembre 1995.

jeudi 8 septembre 2011

Perdre sa vie à la gagner (11).

Vu sur le site de La Voix du Nord ce mercredi 7 septembre 2011:
















Suite de l'article:
" Lundi matin, le représentant de l'entreprise, la société Vaesken, propriétaire depuis 1997 du silo des anciens établissements Honoré, comparaissait devant le tribunal correctionnel. En présence de la famille de la victime, originaire de Tilques, il répondait d'homicide involontaire. Comme toujours en pareil cas, l'audience, « douloureuse pour la famille de la victime comme pour le prévenu », a souligné le vice-procureur, visait à établir les causes de cet accident mortel du travail et à déterminer les responsabilités du drame.
Au centre des questions : la conformité des installations, la formation pratique du jeune salarié, la transmission et le respect des consignes de sécurité.
Concernant les installations, la vis sans fin dans laquelle la victime s'est retrouvée happée était normalement protégée par une grille et une plaque. Une grille à laquelle manquaient deux barreaux et une plaque qui pouvait être déplacée, constateront les enquêteurs. « Ce qui est reproché à l'entreprise, c'est la conception même de la protection de la zone dangereuse », étoffe la présidente, qui poursuit, au sujet des consignes : « Aucune interdiction n'est faite aux salariés de bouger la plaque. Il n'y a pas de garde-fou ni sur l'équipement, ni dans les consignes, ni dans la formation du salarié. »
Le frère de François Marquis comme l'avocate de la famille ont rappelé que le jeune homme avait évoqué l'ancienneté des installations, qui avaient déjà connu le même genre d'accident, heureusement pas mortel cette fois-là, en 1996, à l'époque des anciens propriétaires. L'avocat de la défense a lui noté qu'à l'époque, aucune mise en conformité n'avait été demandée et que depuis le rachat du site, l'entreprise Vaesken avait reçu une certification qualité.
Quant à la formation sur terrain du jeune salarié, qui travaillait seul sur le site, l'avocat de la défense a admis « un tutorat trop bref ».
Dernier point : les consignes de sécurité. Ont-elles été bien transmises et respectées par la victime ? L'avocate de la famille Marquis souligne que François Marquis était décrit « comme consciencieux, comme faisant attention », quand la défense s'étonne qu'il soit intervenu sur la vis sans fin sans en couper l'alimentation comme indiqué dans les consignes de sécurité. Un domaine dans lequel le vice-procureur juge l'entreprise « légère » : « Les conditions de travail et de sécurité étaient rudimentaires, même moyenâgeuses, montre le rapport de l'inspection du travail », avance encore le parquet avant de requérir une peine de 50 000 E d'amende et la publication du jugement dans la presse.
Le tribunal s'est donné le temps de la réflexion et a mis le jugement en délibéré. Il rendra sa décision lundi.A. M." [c'est moi qui souligne et met en gras]

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