« (...) [ces] personnages de la scène médiatico-politique qui (...) miment la figure et le rôle de l'intellectuel (...) ils ne peuvent donner le change qu'au prix d'une présence constante dans le champ journalistique (...) et y importent des pratiques qui, en d’autres univers, auraient pour nom corruption, concussion, malversation, trafic d’influence, concurrence déloyale, collusion, entente illicite ou abus de confiance et dont le plus typique est ce qu’on appelle en français le "renvoi d’ascenseur" ». Pierre Bourdieu, « Et pourtant », Liber n°25, décembre 1995.

jeudi 3 mai 2012

Un drôle d'économiste "sans parti pris idéologique".

Le 2 mai 2012 le site du Monde met en ligne une tribune intitulée "Economistes, sans parti pris idéologique, nous soutenons Sarkozy".
Parmi les signataires: Dominique Roux, le valeureux papa de Valérie Pécresse, actuelle ministre du budget, des comptes publics et de la réforme de l'Etat et porte-parole du gouvernement de Sarkozy.

Voici le pédigrée de Dominique Roux établi en mars 2009 par le collectif Papera (source : http://www.fondation-copernic.org/spip.php?article225):

"Valérie Pécresse est donc née en 1967 à Neuilly sur Seine. Cette ville, où sont concentrées nombre de grosses fortunes et dont Nicolas Sarkozy a été le maire, est l’antithèse à peu près parfaite de St Denis.
Son père, Dominique Roux, est professeur d’université. Alors rassurez-vous, pas à Paris VIII-St Denis ! Mais à Dauphine, HEC et Science Po, soit dans des établissements haut de gamme et au public très sélectionné. Fait intéressant, on note aussi qu’il enseigne l’économie et la gestion, soit deux disciplines en pleine expansion dans l’université française et qui fournissent nombre d’arguments et méthodes aux réformateurs. Ce qui au passage permet de souligner que les réformes en cours ne nous sont pas qu’imposées du dehors. Mais qu’elles sont aussi préparées en interne par une fraction du corps académique.
De ce point de vue l’évolution du recrutement disciplinaire, tout comme le positionnement politique de la conférence des présidents d’université, sont instructifs.
Mais revenons-en au papa de Valérie Pécresse. Non seulement celui-ci est professeur d’économie-gestion dans les établissements chics, du public comme du privé de la capitale, mais il est aussi membre du Cercle des économistes, administrateur de Radio France Outre Mer, président depuis 2007 de Bolloré télécom (qui contrôle entre autre le journal gratuit
Direct soir diffusé dans le métro, la chaîne de télévision Direct 8 et l’agence de publicité Havas), administrateur de la société Omercis spécialisée dans l’envoi massif de courrier électronique, etc. Bref, c’est un parfait exemple d’universitaire entrepreneur, ou d’entrepreneur universitaire, le modèle même de ce que les réformes actuelles voudraient que nous devenions, afin notamment de renflouer les caisses - volontairement toujours plus vides pour cause de plan d’ajustement structurel qui ne dit pas son nom - des universités comme du CNRS.

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