« (...) [ces] personnages de la scène médiatico-politique qui (...) miment la figure et le rôle de l'intellectuel (...) ils ne peuvent donner le change qu'au prix d'une présence constante dans le champ journalistique (...) et y importent des pratiques qui, en d’autres univers, auraient pour nom corruption, concussion, malversation, trafic d’influence, concurrence déloyale, collusion, entente illicite ou abus de confiance et dont le plus typique est ce qu’on appelle en français le "renvoi d’ascenseur" ». Pierre Bourdieu, « Et pourtant », Liber n°25, décembre 1995.

mercredi 14 décembre 2011

Les (bonnes) sources de Colombe Schneck: retour sur une émission disparue.

De septembre 2006 à juin 2009 Colombe Schneck a produit et présenté sur France Inter « J’ai mes sources » du lundi au vendredi de 09h35 à 10h.

Le projet de l’émission était sobrement présenté sur le site de l’émission : 
« présentation 
Les médias, tous les médias, rien que les médias.Vaste programme : loin de se cantonner à la seule télévision, Colombe scrute les lois, les enjeux, les personnalités d’un domaine qui nous concerne tous, dans notre quotidien et dans notre rapport au monde. Télévision, radio, presse, mais aussi Internet, téléchargement, blogs, technologies de l’information : un monde complexe face auquel Colombe sait garder la tête froide et l’esprit clair.Le fait marquant du jour avec un invité, des reportages d'Elsa Boublil, et avec des chroniqueurs expérimentés et incontestables »

Pour mener à bien son projet, Colombe Schneck a eu le courage d’inviter :
_ Philippe Val, à l'époque patron vénéré de Charlie Hebdo et brillant chroniqueur sur France Inter, les 25/10/06, 04/8/08, 17/9/08
_ Daniel Schneidermann, grand "décrypteur" des médias et ancien employeur de Colombe Schneck dans l’émission « Arrêt sur images », les 25/6/07, 19/12/07, 01/02/08, 19/8/08,13/10/08
_ Bernard Guetta, immarcescible chroniqueur sur France Inter, le 13/11/07
_ Philippe Torreton, comédien talentueux et mari attentionné d’Elsa Boublil une journaliste iconoclaste qui travaillait pour « J’ai mes sources », les 11/12/07, 10/02/09
_ Jean-Marie Messier, un audacieux entrepreneur balladurien qui a permis à Vivendi d’avoir une dette supérieure à 13 milliards d’Euros en 2002, le 27/01/07 (Le 15/01/2009, dans Inter activ’ présenté par le cultivé et humble Nicolas Demorand, Jean-Marie Messier déclarait sans être contredit par son hôte : « ça fait 7 ans que je n’ai pas eu le plaisir d’être dans un studio de radio »).

Le site de « J’ai mes sources » donne une présentation nuancée de Jean-Marie Messier :

« Le retour de Jean Marie Messier
En 2000, Jean Marie Messier, PDG de Vivendi Universal, annonçait la convergence entre le téléphone, les ordinateurs et la télévision, un portail unique pour écouter de la musique, voir un film, obtenir des informations. Et puis en 2001, la bulle internet a explosé et Jean Marie Messier a quitté Vivendi. Il est désormais banquier et vient d'entrer au conseil d'administration de Rentabili Web, une société qui s'est bâtie sur la convergence et qui la monétise, parce que 7 ans après, la convergence en laquelle croyait Jean Marie Messier est devenue une réalité.

Jean Marie MESSIER
Banquier - vient d'entrer au Conseil d'Administration de Rentabili Web.
Il ne se voit pas comme un "futurologue", même si sa pensée a toujours été en avance sur son temps. C'est un industriel avec une vraie vision, une vraie ambition française, et il la revendique toujours, comme au temps de Vivendi Universal.
»


Vint enfin le jeudi 12 février2009. Ce jour là Colombe Schneck se surpassa en invitant le publicitaire Maurice Lévy pour faire gratuitement la publicité de Maurice Lévy, de Marcel Bleustein-Blanchet (MBB dans la suite du texte) et de l'entreprise de publicité Publicis.

Qui sont Maurice Lévy et MBB, et pourquoi Maurice Lévy a-t-il été invité par Colombe Schneck (MBB s’est décommandé car il est mort depuis 1996) ? Encore une fois c’est le site de l’émission qui donne les bonnes réponses :
« L’histoire d’un homme extraordinaire aujourd’hui. Il s’appelait Marcel BLEUSTEIN BLANCHET. Il a non seulement inventé la publicité en France mais aussi inventé et permis le développement de médias modernes. Sans pub, pas de presse écrite, de radio, de télévision. Il a donc tout fait en même temps. 
Notre invité, Maurice LEVY, le PDG de Publicis, aujourd’hui 4eme groupe mondiale de publicité l’héritier de Marcel BLEUSTEIN BLANCHET. Auquel France 3 consacre un film passionnant. « Le monsieur de la pub » réalisé par Olivier Mille qui sera diffusé le 23 février. »

Voici quelques extraits des roucoulements de Colombe Schneck et Maurice Lévy :
Colombe Schneck :  "(…) Il [MBB] va inventer les médias modernes, c’est ça qui est passionnant (…) il invente le journal parlé (…) elle [la pub] fait du bien aux médias, on le sent bien dans ce film (…) MBB va permettre l’éclosion d’une presse moderne en France (…)"
Maurice Lévy :  "(…) on ne peut pas imaginer un média sans publicité et on ne peut pas imaginer la vie sans la publicité (…) son œuvre (…) il est vrai que de manière générale, et en particulier dans les milieux intellectuels, il n’est pas bon d’aimer la publicité (…) Roland Barthes, qui a travaillé énormément pour la publicité et pour Publicis (…) [les films publicitaires] ce sont de petits chefs d’œuvre artistiques (…) de véritables petits chefs d’œuvre (…) la publicité c’est donc non seulement un véritable art (…) combien de publicitaires sont devenus de vrais écrivains (…) combien sont devenus de grands réalisateurs…même Godard a fait des films publicitaires (…) les œuvres publicitaires (…) la publicité fait quelque chose de très important c’est qu’elle fait du bien à l’économie, elle génère de la croissance et quand il y a des périodes de crise elle permet d’en limiter les effets (…) la France n’a pas su faire sa révolution (…) la presse française n’a pas su faire sa révolution (…) je ne peux pas imaginer la vie sans la musique de Dim (…) il se trouve que j’adore la publicité (…) je zappe pour regarder la publicité (…) je trouve que ces petits chefs d’œuvre c’est quand même ce qu’on fait de mieux pour l’instant à la télévision (…) je crois qu’il faut de tout, il faut que les choses soient présentées sous leur diversité (…)."
Ainsi, Colombe Schneck n’aura pas eu l’outrecuidance de poser des questions à Maurice Lévy formulées à partir de l’article de Marie Bénilde « Publicis, un pouvoir » paru dans Le Monde Diplomatique de juin 2004.
http://www.monde-diplomatique.fr/2004/06/BENILDE/11267

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