« (...) [ces] personnages de la scène médiatico-politique qui (...) miment la figure et le rôle de l'intellectuel (...) ils ne peuvent donner le change qu'au prix d'une présence constante dans le champ journalistique (...) et y importent des pratiques qui, en d’autres univers, auraient pour nom corruption, concussion, malversation, trafic d’influence, concurrence déloyale, collusion, entente illicite ou abus de confiance et dont le plus typique est ce qu’on appelle en français le "renvoi d’ascenseur" ». Pierre Bourdieu, « Et pourtant », Liber n°25, décembre 1995.

mardi 6 décembre 2011

Nathalie Heinich, sociologue planétaire et cocasse.

1er acte: des plaisantins sèment leurs commentaires

Le 7 novembre 2009 le site nonfiction.fr qui s'autoproclame « le quotidien des livres et des idées » met en ligne un article de Valéry Rasplus intitulé « La sociologie s'amuse » (source : http://www.nonfiction.fr/article-2917-la_sociologie_samuse.htm) et qui consiste en un compte-rendu du livre « Le bêtisier du sociologue » écrit par Nathalie Heinich, une sociologue membre du comité de parrainage du site nonfiction.fr (source : http://www.nonfiction.fr/equipe.html).

Des plaisantins interviennent sur le site en postant les 10 commentaires suivants sur cet article (il est à noter que le site nonficiton.fr ne supporte pas les accents dans les commentaires, ce qui oblige les plaisantins à écrire des messages sans accents pour éviter la présence de signes cabalisitques à la place de lettres avec accents et nous a obligés à remplacer les signes cabalistiques figurant sur nonfiction.fr par les lettres appropriées), commentaires forts laudateurs et aux antipodes du « ragot planétaire » :

Giulia
28/12/09 15:25
Mon ami Swen vient de m offrir le dernier livre de N Heinich. C est une merveille a lire et a re lire.

Vinciane
22/12/09 14:57
Ca serait trop cool que Nathalie Heinich nous fasse une de ses analyses( sociologiques dont elle a le secret de tous les commentaires et polemiques liees a son tres classe nouveau bouquin.

Otto
27/11/09 16:46
La suspicion doit cesser. Ce n est pas parce que Rasplus et Heinich ecrivent pour non fiction que le compte rendu du livre d Heinich par Rasplus est complaisant. Nathalie et Valery vous avez mon total soutien face aux suspicieux et aux mechants.

Ernst
27/11/09 15:46
Nathalie Heinich est un peu la Plastic Bertrand de la sociologie: ca plane pour elle, hou hou hou!
Lucho
27/11/09 15:41
Dieu que Nathalie Heinich est aimee, admiree dans les commentaires. Elle est un paradigme a elle toute seule.
Margaret
27/11/09 14:56
@Marianne. Nathalie Heinich est sans doute la Max Weber du XXIe siecle. Elle est aussi la meilleure ambassadrice des sandales Stephane Kelian.
Howard
27/11/09 14:49
A Chicago Nathalie Heinich is the queen of the sociology. Elle a les qualites d'analyse de Francoise Giroud. God bless Nathalie.
Cliff
27/11/09 14:44
Madame Heinich est une star a Berkeley et a Princeton. Son charisme la rend incontournable.
Caroline
27/11/09 14:41
Nathalie Heinich ecrit aussi bien que R. Collins.

Marianne
27/11/09 14:36
Nathalie Heinich est la Max Weber du XXI Century !!!!

Les plaisantins se permettent aussi à deux reprises d'utiliser la transcription faite par Acrimed (source : http://www.acrimed.org/article2762.html) de propos de Nathalie Heinich formulés sur France Culture et consacrés à Pierre Bourdieu. Les plaisantins reprennent les propos de Nathalie Heinich en les appliquant à Nathalie Heinich. Cela donne deux PAN (pièges à Nathalie) :

1/ Nathalie Heinich sur France Culture le 1er novembre 2007 :
« Oui, c’est une des ambiguïtés de son personnage, c’est ce que j’ai appelé les puissances de la paranoïa. C’est qu’en effet je crois qu’ il s’est totalement construit sur l’idée paranoïaque qu’il était la victime de la méconnaissance de ses pairs. [...] Ce qui reste constant dans toute sa carrière c’est cette idée d’être le seul à détenir la vérité face à la foule de ceux qui ne comprennent pas et qui en plus lui veulent du mal. Donc c’est une posture extrêmement puissante parce qu’elle attire l’adhésion affective très forte de tous ceux qui ont ce type de posture mentale , donc ça crée des groupes de paranoïaques extraordinairement déterminés. Et en même temps c’est une posture qui s’affaiblit à mesure qu’elle gagne puisqu’un paranoïaque qui devient souverain et qui continue et qui continue à se plaindre d’être méconnu, ça devient un fou, hein. C’est quelque chose qui quand même confine à la perte de contact avec la réalité. Heureusement Bourdieu a échappé à la folie [...]. Cependant il est certain que cette posture paranoïaque est restée jusqu’au bout [...].»

Les plaisantins sur nonfiction.fr :
Gregory
27/11/09 15:10
Une des ambiguites de Nathalie Heinich, c est ce que j ai appele les puissances de la paranoia. C est qu en effet je crois qu elle s est totalement construite sur l idee paranoiaque qu elle est la victime de la meconnaissance de ses pairs. Ce qui reste constant dans toute sa carriere c est cette idee d etre la seule a detenir la verite face a la foule de ceux qui ne comprennent pas et qui en plus lui veulent du mal. Donc c'est une posture extremement puissante parce qu'elle attire l adhesion affective tres forte de tous ceux qui ont ce type de posture mentale, donc ça cree des groupes de paranoiaques extraordinairement determines. Et en meme temps c'est une posture qui s affaiblit a mesure qu elle gagne puisqu une paranoiaque qui devient souveraine et qui continue a se plaindre d etre meconnue, ça devient une folle, hein. C est quelque chose qui quand meme confine à la perte de contact avec la realite. Heureusement Heinich a echappe a la folie.

2/ Nathalie Heinich sur France Culture le 3 novembre 2007 :
«Je voudrais quand même dire une chose : vous avez tout à fait raison, je crois, sur le radicalisme, Bourdieu surtout je crois dans les... A partir du moment où il s’est engagé en personne dans l’espace politique, a très bien heu... surfé, disons, avec des tendances radicales qui en effet sont très propres à la... à une certaine politique française. Moi il me semble que le radicalisme est une voie très sophistiquée, une forme très sophistiquée de la bêtise, et rien d’autre. Et malheureusement Bourdieu s’est un petit peu laissé aller à cela vers la fin de sa vie »

Les plaisantins sur nonfiction.fr :
Emilie
30/11/09 13:43
Je voudrais quand meme dire une chose : je crois, sur le radicalisme, Nathalie Heinich, a partir du moment ou elle s'est engagee en personne dans l espace politique, a tres bien surfe, disons, avec des tendances radicales qui en effet sont tres propres a une certaine politique française. Moi il me semble que le radicalisme est une voie tres sophistiquee, une forme tres sophistiquee de la betise, et rien d'autre. Et malheureusement Nathalie Heinich se un petit peu laissee aller a cela. 


2ème acte: un an plus tard

En 2010, Nathalie Heinich publie un article intitulé « La pensée à l'ère du ragot planétaire » dans la revue « Des lois et des hommes » (source : http://www.desloisetdeshommes.fr/) dont le comité de rédaction comprend Valéry Rasplus.
Cet article est mis en ligne le 21/12/10 sur le site fabula.org (source:http://www.fabula.org/actualites/article41655.php#_ftn3) par Marielle Macé qui est directrice adjointe du Centre de recherches sur les arts et le langage auquel appartient Nathalie Heinich (source : http://cral.ehess.fr/).
Dans cet article Nathalie Heinich expose
« quelques réflexions sur le décalage entre ce qu'un chercheur peut énoncer dans ses livres et ce que des lecteurs peuvent en retenir et, surtout, en restituer, dans un espace médiatique non médiatisé, où coexistent dans une quasi-indistinction tous les niveaux de compétence, du plus profane au plus spécialisé, et toutes les dispositions, de la plus bienveillante à la plus haineuse. Voici ce que cela donne, à partir d'un site de comptes rendus [Nathalie Heinich renvoie au lien de l'article (et des commentaires (dont ceux des plaisantins) auquel il a donné lieu) de Valéry Rasplus paru dans nonficiton.fr le 7 novembre 2009] et d'un blog, en procédant par un classement des interventions selon les catégories de – disons - « désajustements ». »


3ème acte: les plaisantins peuvent remercier Nathalie Heinich

Les plaisantins peuvent rendre grâce à Nathalie Heinich d'avoir démontré deux lois sociologiques dans son article « La pensée à l'ère du ragot planétaire ».

1/ Nathalie Heinich montre que la flatterie peut générer des actions de la part de ceux (ou celles) à laquelle elle s'adresse et notamment déclencher l'écriture d'un article.

Sur nonfiction.fr les plaisantins avaient écrit :
Vinciane
22/12/09 14:57
Ca serait trop cool que Nathalie Heinich nous fasse une de ses analyses( sociologiques dont elle a le secret de tous les commentaires et polemiques liees a son tres classe nouveau bouquin.

Dans son article Nathalie Heinich écrit:
« Plus prosaïquement, la question qui se pose face à ce type d'attaques est de savoir s'il faut réagir, et comment. (...) Poussée par la suggestion amicale et réconfortante d'une ènième commentatrice sur l'un des sites en question (« ça serait trop cool que Nathalie Heinich nous fasse une de ses analyses sociologiques dont elle a le secret de tous les commentaires et polémiques liées a son très classe nouveau bouquin »), j'essaie donc, ici même, une autre possibilité : celle de la réflexion à froid, à destination de mes pairs, sur les soubassements de ces désajustements entre le travail du chercheur et l'opinion de ceux qui, pour telle ou telle raison, cherchent à le disqualifier. »

Les plaisantins peuvent être fiers d'avoir fait une « suggestion amicale et réconfortante » à Nathalie Heinich et être heureux de voir que dans une interview accordée à l'inévitable Valéry Rasplus et mise en ligne sur le site du Nouvel Observateur le 5 janvier 2011 (source : http://valery-rasplus.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/01/05/10-questions-a-nathalie-heinich.html) la sociologue se reconnaisse comme « Etant assez sensible à la flatterie (...) ».

2/ Nathalie Heinich montre que des « sociologues » croient faire leur métier en appliquant des procédés d' « analyse » à d'autres qu'eux-mêmes et se considèrent comme « accusés » et « victimes » quand ces mêmes procédés leurs sont appliqués par d'autres.

Ainsi, dans un paragraphe intitulé « Plagiat » de son article de 2010, Nathalie Heinich écrit:
« Le plus cocasse, c'est lorsqu'un accusateur utilise l'analyse proposée par l'accusé en la retournant contre celui-ci – sans le citer, bien sûr. Me voilà donc accusée de paranoïa, dans les mêmes termes que l'analyse du cas Bourdieu que j'avais proposée dans Pourquoi Bourdieu – l'hypothèse de l'inimitié universelle qui ne tient plus dès lors qu'on est reconnu, et conduit à sa reconduction de plus en plus délirante – mais appliquée à moi-même comme si elle était faite par l'auteur de l'invective. »
Contrairement à ce qu'écrit Nathalie Heinich le commentaire du plaisantin "Gregory" sur non-fiction.fr
(27/11/09 15:10
Une des ambiguites de Nathalie Heinich, c est ce que j ai appele les puissances de la paranoia. C est qu en effet je crois qu elle s est totalement construite sur l idee paranoiaque qu elle est la victime de la meconnaissance de ses pairs. Ce qui reste constant dans toute sa carriere c est cette idee d etre la seule a detenir la verite face a la foule de ceux qui ne comprennent pas et qui en plus lui veulent du mal. Donc c'est une posture extremement puissante parce qu'elle attire l adhesion affective tres forte de tous ceux qui ont ce type de posture mentale, donc ça cree des groupes de paranoiaques extraordinairement determines. Et en meme temps c'est une posture qui s affaiblit a mesure qu elle gagne puisqu une paranoiaque qui devient souveraine et qui continue a se plaindre d etre meconnue, ça devient une folle, hein. C est quelque chose qui quand meme confine à la perte de contact avec la realite. Heureusement Heinich a echappe a la folie.)
ne reprend pas un passage du livre de Nathalie Heinich « Pourquoi Bourdieu » mais applique à Nathalie Heinich des propos qu'elle a tenus sur Pierre Bourdieu dans une émission de France Culture.

Toujours dans le paragraphe « Plagiat », Nathalie Heinich poursuit:
« Même chose avec mon analyse du radicalisme : « Je voudrais quand même dire une chose : je crois, sur le radicalisme, Nathalie Heinich, a partir du moment où elle s'est engagée en personne dans l'espace politique, a très bien surfé, disons, avec des tendances radicales qui en effet sont très propres a une certaine politique française. Moi il me semble que le radicalisme est une forme très sophistiquée de la bêtise, et rien d'autre. Et malheureusement Nathalie Heinich s'est un petit peu laissée aller à cela » (je corrige les fautes d'orthographe). Notons la référence à un engagement politique que j'ignorais moi-même (sans doute confond-on avec quelqu'un d'autre ?) [Peut-être avec Nathalie Heinich qui cosignait dans Le Monde du 27 janvier 1999 une tribune « Ne laissons pas la critique du PACS à la droite! »], ainsi que le « moi il me semble que », cocasse quand on sait que la formule du radicalisme comme « forme sophistiquée de la bêtise » figure telle quelle dans Pourquoi Bourdieu et dans le Bêtisier. Drôle d'hommage, en forme d'emprunt non reconnu et retourné contre sa victime… »
Là, Nathalie Heinich cite le commentaire des plaisantins fait par « Emilie ».
Il est pour le moins savoureux de voir que Nathalie Heinich continue à croire que les plaisantins se servent du texte de son livre « Pourquoi Bourdieu » alors qu'ils appliquent à nouveau à Nathalie Heinich des propos qu'elle a tenus sur Pierre Bourdieu dans une émission de France Culture. Et en trouvant « cocasse » une formule prononcée par elle-même Nathalie Heinich tend à devenir loufoque.


Epilogue : les plaisantins admirent Nathalie Heinich

Sur nonfiction.fr les plaisantins ont écrit:
Caroline
27/11/09 14:41
Nathalie Heinich ecrit aussi bien que R. Collins.

Dans son interview sus-citée et mise en ligne le 5 janvier 2011 sur le site du Nouvel Observateur Nathalie Heinich, en qualité de supposée "professionnelle de la lucidité", déclare : " (...) j'admire beaucoup l'œuvre de l'américain Randall Collins (…)".

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