Mardi 31 janvier 2012 l'émission Le téléphone sonne diffusée par France Inter a pour thème "les marchés sont-ils bêtes et méchants?".
L'un des invités est Philippe Dessertine qui est présenté ainsi sur le site de l'émission:
A l'antenne Alain Bédouet, l'animateur de l'émission, nous présente Philippe Dessertine:
"professeur à l'Université de Nanterre, Directeur de l'Institut de Haute Finance, qui pour sa part a publié récemment, coup sur coup, deux ouvrages "Ceci n'est pas une crise (juste la fin d'un monde)" et puis un plus gros livre "La décompression" aux Editions Anne Carrière."
Ces deux présentations sont très incomplètes et ne permettent pas de
savoir qui est vraiment Philippe Dessertine. Et pour le découvrir il faut
aller sur le site du "Cercle Turgot" (cf: http://www.ihfi-turgot.com/ct_presentation.html), "cercle" dont Philippe Dessertine est l'un des vice-présidents.
Et voici les "membres d'honneur":
On le voit, Philippe Dessertine fait partie du Parti de la Presse et de l'Argent section pro-UMP (on notera la présence d'un alibi "socialiste" - Michel Sapin - dans cet aréopage sarkozyste).
Il arrive parfois que Philippe Dessertine ne soit pas uniquement l'objet de présentations complaisantes et ne soit pas exposé à des questions à la Yves Calvi. En témoignent ces échanges lors d'un chat organisé par le site du Nouvel Observateur le mercredi 15 avril 2009 avec pour thème "le bilan du G20":
Question de : Votre pseudo
De quoi êtes-vous capable à part
parler d'argent?
Réponse de Philippe Dessertine:
Bonjour à tous. Pour commencer ce
chat, une question radicale. Peu importe de quoi pourrais-je vous
parler par ailleurs ; je suis ici pour évoquer les questions sur
lesquelles je travaille depuis des années : l'organisation
économique du monde, la place que peut y tenir la finance, les liens
avec la politique, autant d'un point de vue positif que négatif.
Vous me direz que tout cela n'est pas très poétique et je serai
d'accord avec vous. Néanmoins, cela nous concerne tous, et il serait
dommage, sous prétexte de se boucher le nez, de ne pas réfléchir,
de ne pas proposer, de ne pas agir... Telle est en tous cas ma
philosophie
Question de : Bernard
Monsieur le spécialiste des Hautes
Finances (avec plein de majuscules) vous n'avez pas honte de faire le
malin? Et supprimons la finance!
Réponse de Philippe Dessertine:
Monsieur l'ironique, non je n'ai pas
honte, mais je n'en conçois pas de gloire non plus. En tous cas, je
crois important de réfléchir, de tenter de contribuer (modestement)
au débat intellectuel qui doit s'emparer de la question économique
et financière. Supprimons la finance, facile ! Et la guerre, et
la famine ! Mais en attendant, on fait quoi ?
Question de : Géraldine
Pour reprendre ce que disait un grand
germaniste: un financier qui parle de civilisation, c'est comme le
patron d'une boite échangiste qui prêche la fidélité conjugale.
Que faites-vous là?
Réponse de Philippe Dessertine:
Bon, là je sens que je rame à contre
très fort courant, mais la finance, comme le commerce, comme
l'entreprise, ne sont pas seulement des choses répugnantes. Ce sont
des techniques utilisées par les humains depuis des siècles pour
vivre ensemble. Il est temps de réfléchir à leurs modes de
fonctionnement dans un contexte élargi, de les relier à l'ensemble
de la société. En France, la science politique ou la philosophie
sont nobles. L'économie est dégoûtante. Pourquoi ne pas tenter de
les aborder avec une logique globale ?
Question de : Danielpasbouton
Merci d'assurer le service après vente
des exploits des financiers. Vous arrive-t-il de vous poser la
question de votre utilité sociale?
Réponse de Philippe Dessertine:
Je n'élude pas ces questions... Oui,
je me pose très souvent cette question. Je vous le répète, un joli
monde en harmonie où tous les êtres humains vivraient jusqu'à cent
ans pour le bonheur de leur prochain est notre idéal à tous... En
attendant, on fait quoi ?
Question de : Natacha
Mr Dessetrine, vous passez votre temps
dans les médias. Cela explique-t-il votre inculture économique?
Réponse de Philippe Dessertine:
Natacha, je ne passe pas tout mon temps
dans les médias, heureusement. Cela étant, je crois que dans la
période incroyable que nous vivons, il est nécessaire de donner des
éclairages sur des phénomènes que mon travail (universitaire)
m'amène à observer. Quant à mon inculture économique... Le
domaine est subjectif n'est ce pas. Dans des situations aussi
compliquées, il est certain que personne ne peut prétendre tout
savoir ; il est certain aussi qu'il m'arrive de dire des bêtises...
Question de : Anne
Vous ressemblez à un employé de Wall
Street. Bon vent!
Réponse de Philippe Dessertine:
Je me doute qu'il ne s'agit pas d'un
compliment. Wall Street est à la pointe de New York, le port
historique des Etats Unis. Ce n'est pas un hasard. Le développement
du pays s'est fait par l'entrée des marchandises et par celui des
capitaux, pour aider les pionniers pauvres à développer le
continent qu'ils voulaient conquérir. Mais je suis d'accord que les
tricots rayés et les bonnets marins ont déserté les panoplies de
la finance internationale
Question de : Votre pseudo
J'ai eu la chance de vous voir chez
Yves Calvi. Vous êtes brillant et accessible. Avez-vous espoir pour
l'avenir? Isabelle de Nice.
Réponse de Philippe Dessertine:
Merci... Oui, bien sur que j'ai espoir
pour l'avenir. J'ai l'habitude de dire que cette crise est une crise
d'adolescence de la mondialisation. Une crise d'adolescence c'est
long, ce doit être pris très au sérieux, cela peut avoir des
conséquences tragiques... Mais si cela est bien géré, il est
possible qu'en sorte un monde adulte, plus équilibré. Je crois
vraiment que cela est possible et je le dis sans cesse aux jeunes
gens notamment, ceux que je croise en cours et ailleurs.
Question de : Jean-Hugues
Cher Monsieur Dessertine, l'idéologie
de la finance fait progresser la planète. Pour voir les résultats
je vous propose de vivre pendant un an dans un bidonville de votre
choix. Vous verrez ainsi les résultats produits par vous [et] vos
amis financiers, banquiers, courtiers,... Vous êtes partant?
Réponse de Philippe Dessertine:
Mais dites, ce n'est pas seulement le
problème de la finance et des financiers. C'est une question que
nous pouvons poser à l'immense majorité des occidentaux, de nous
tous, habitants riches, des pays riches. Je suis d'accord avec vous,
que le problème majeur à régler est celui du déséquilibre
insupportable entre les très pauvres (presque 1 milliard, 1 milliard
!!! de gens qui souffrent de la famine en ce début d'année 2009) et
les très riches qui ont créé ce dysfonctionnement majeur que nous
connaissons aujourd'hui.
Question de : Patricia
Ne pensez-vous pas qu'il serait plus
intéressant que Le Nouvel Observateur invite à votre place un
salarié de Continental qui va perdre son emploi?
Réponse de Philippe Dessertine:
IL faudrait le leur suggérer. Mais en
tous cas, je peux vous dire que je suis persuadé depuis longtemps
que le problème du chômage sera l'un des axes majeurs de cette
gestion de crise. Avec un immense risque en cas d'échec...
Question de : Votre pseudo
comment expliquez-vous le sentiment
d'impunité qui habite les banquiers, les actionnaires et les
servants de la religion du marché?
Réponse de Philippe Dessertine:
Je n'aime pas trop la fin de votre
expression. Le marché n'est pas une religion, juste une
technique. Mais cela étant, je me pose la question comme vous, au vu
d'un certain nombre d'événements récents (bonus, stocks options,
parachutes... ou séjours dans des palaces...) Parfois, vous vous
demandez si cette perception compliquée de la crise, n'est pas
partagée par tous, y compris, et c'est le plus surprenant, par les
dirigeants économiques et politiques. Comme si au fond d'eux, ils
ne croyaient pas vraiment... En la fin d'un monde.
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