Le 15 mai 2013 le site de L'Express met en ligne un portrait d'Emmanuel Macron, le secrétaire général adjoint du président de la République (le " socialiste " François Hollande), rédigé par Corinne Lhaïk :
" (...) à la fin de 2008 (...) il n'est pas étonnant que ce hollandais précoce soit directeur à Rothschild & Cie Banque. Il se nomme Emmanuel Macron. Moins de quatre ans plus tard, le 15 mai 2012, il devient, à 34 ans, secrétaire général adjoint de la présidence de la République. (...) son parcours, une hyperbole de l'excellence (...) sa vie personnelle, pas banale (...) Cet enfant de la bourgeoisie et de la province, formaté par les jésuites et les écoles de l'élite (...) le Mozart de l'Elysée dort de quatre à cinq heures par nuit (...) Macron aurait pu, lui aussi, embrasser la Sarkozie, qui l'a sollicité en 2007. "Mais il avait choisi la gauche, confirme un ancien conseiller de l'ex-président, bien que, intellectuellement, je ne voie pas très bien ce qui nous sépare. Du moins en matière économique." (...) Attali aussi, qui l'a présenté au futur président au cours d'un dîner, en 2007, et le choisit pour être rapporteur général adjoint (puis membre) de sa Commission pour la libération de la croissance française. Un concentré d'expertises et d'ego que l'intelligence analytique de Macron réussit à harmoniser. (...) Au début de mai 2012, il s'est déjà renseigné: le passage de Rothschild à l'Elysée n'est pas contraire aux règles déontologiques. La feuille de route est dans sa tête: redresser les comptes publics et retrouver de la compétitivité, y compris à coups de réformes dites libérales, qui font hurler la moitié des socialistes. Marché du travail plus flexible, mise sous conditions de ressources des allocations familiales et des remboursements maladie, lutte contre les "rentes de gauche", celles de la fonction publique. (...) les grands choix vont dans son sens. La réduction de la dépense publique est engagée, comme la bataille de la compétitivité, certains excès fiscaux du début du quinquennat sont corrigés (mode de paiement de la taxe à 75% sur les très riches, fiscalité des plus-values mobilières), la flexibilité du marché du travail est lancée à travers la loi qui transpose un accord des partenaires sociaux. (...) Le secrétaire général adjoint joue aussi, avec succès, un rôle protecteur des patrons d'entreprises publiques tour à tour menacés: Carlos Ghosn (Renault), Stéphane Richard (France Télécom), Henri Proglio (EDF) et, tout dernièrement, Jean-Paul Bailly (La Poste). (...) le naufrage de Jérôme Cahuzac l'a privé d'un allié. Les deux hommes se connaissent depuis 2008, Macron fait partie de ceux qui ont réconcilié le député de Lot-et-Garonne avec le candidat Hollande. "Pourtant Cahuzac se sentait mal aimé de l'Elysée, Macron y était sa seule attache", note un ministre. En décembre, quelques jours après les révélations de Mediapart, le conseiller de Hollande confie: "Je crois ce qu'il dit, c'est mon ami.". (...) Dans les réunions avec ministres, il lui arrive de presser son patron de réduire les dépenses. (...) Laurence Parisot est l'une des rares à plaider en sa faveur. "Les patrons sont trop gourmands, Emmanuel est un précieux relais de la voix des entreprises. Il a été le premier, dès juin, à comprendre les exigences de la compétitivité", dit la présidente du Medef. (...) Avant de choisir la banque d'affaires - il entre chez Rothschild en septembre 2008 -, il avait sondé Alain Minc, l'un des parrains de cette institution. Qui lui indique le chemin de la finance privée, avec ce commentaire: tu gagneras de l'argent et la liberté de faire ensuite de la politique. Il interroge aussi Xavier Musca, qui lui donne l'avis inverse, préférer le service public. Marque de courtoisie, Macron téléphone à ce dernier après que Jean-Marc Ayrault a annoncé, le 23 mai 2012, que Xavier Musca ne serait pas nommé à la tête de la Caisse des dépôts. Les contacts n'ont pas cessé : de l'Elysée, Macron téléphone encore à Musca pour lui demander son avis au moment de la crise chypriote, en mars. (...) Emmanuel Maurel, chef de file, au PS, du courant Maintenant la gauche, se dit gêné par ce parcours typique d'une "oligarchie qui passe de la banque à l'Elysée et vice versa; c'est très sarkozien". (...) La banque, l'argent... Partageant un café avec Macron dans le bureau de celui-ci, un conseiller de l'Elysée ressent un choc en découvrant le montant du tiers provisionnel dû par son hôte - l'imprimé fiscal traîne sur la table : une somme à six chiffres ! Macron n'est pas resté assez longtemps chez Rothschild pour devenir riche à millions, mais il a très bien gagné sa vie en 2011 et pour les cinq premiers mois de 2012: 900 000 euros (550 000 après charges et impôts), à comparer à ses 156 000 euros annuels aujourd'hui, rémunération identique à celle du président de la République. L'ex-banquier ne paie pas l'ISF (à partir de 1,3 million d'euros). (...) " .
« (...) [ces] personnages de la scène médiatico-politique qui (...) miment la figure et le rôle de l'intellectuel (...) ils ne peuvent donner le change qu'au prix d'une présence constante dans le champ journalistique (...) et y importent des pratiques qui, en d’autres univers, auraient pour nom corruption, concussion, malversation, trafic d’influence, concurrence déloyale, collusion, entente illicite ou abus de confiance et dont le plus typique est ce qu’on appelle en français le "renvoi d’ascenseur" ». Pierre Bourdieu, « Et pourtant », Liber n°25, décembre 1995.
mercredi 12 juin 2013
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